La filière bois : moteur de croissance

Croissance de la filière bois

 

 Une étude passionnante sur la filière bois vient d’être livrée. 200 pages destinées à faire passer la filière de fardeau à atout. Le mot bois prend ici toute sa place. Il faut entendre arbre bien sûr, dans toutes ses composantes mais aussi lignine, sciures, hémicelluloses, feuilles… Le site écomaisonbois.fr vous propose de découvrir comment dans 8 ans vous ne parlerez plus que de filière bois, filière non délocalisable.

L’étude en question est on-ne-peut-plus sérieuse. Elle a été commandée au cabinet Alcimed par le pôle interministériel de prospective et d’anticipation des mutations économiques (PIPAME (1)). Le thème de cette étude est passionnant : Marché actuel des nouveaux produits issus du bois et évolutions à échéance 2020. Les résultats le sont tout autant. Peut-être grâce à un comité de pilotage aux membres triés sur le volet (2) et près de 80 entretiens avec des experts nationaux et internationaux.

(1) Le pôle interministériel de prospective et d’anticipation des mutations économiques (PIPAME) a pour objectif d’apporter, en coordonnant l’action des départements ministériels, un éclairage de l’évolution des principaux acteurs et secteurs économiques en mutation, en s’attachant à faire ressortir les menaces et les opportunités pour les entreprises, l’emploi et les territoires.
(2) Parmi les membres du comité de pilotage, se trouvaient des responsables du FCBA, du Pôle Fibres, de Forêt Privée Française, de Xylofutur, de l’INRA, de l’ENSTIB, de l’École supérieure du Bois, etc.

Cette analyse des nouveaux produits issus du bois débouche sur 6 leviers d’action principaux, déclinés en 26 mesures phares, agissant sur l’ensemble de la filière bois française, depuis l’effort de mobilisation du bois et de première transformation par les scieries jusqu’aux utilisations industrielle et énergétique, et ayant pour but de lancer une réelle dynamique et une véritable cohésion autour de la filière bois française.

Le bois : un atout pour la croissance

Rappelons que la filière bois représente le 2e poste du déficit commercial français après le pétrole. Rappelons aussi que la forêt française est la 3e forêt d’Europe en termes de ressources. Elle est sous-exploitée et grandissante. Pire, on plante de moins en moins. Le Grenelle de l’environnement, la RT 2012, la future RT 2020, les réglementations internationales, les conférences sur le climat, ont amorcé des opportunités que le filière bois française a laissé passer.

Pourtant le bois (massif, fibre, chimie et énergie) répond à des opportunités nouvelles de croissance, qui découlent de préoccupations à la fois économiques et environnementales.

Les freins susceptibles de contrarier les opportunités de croissance

La forêt française est hétérogène et morcelée. Elle est, en outre, pas complètement adaptée à l’exploitation industrielle. La proportion de forêts possédée par des personnes physiques ou morales dont l’activité principale concerne la récolte ou la valorisation du bois est par ailleurs très faible, de l’ordre de 1 à 2 %, alors que ce chiffre est de 37 % en Suède, ou de 8 % en Finlande.
Les acteurs de la filière sont eux-mêmes très différents entre eux (1re et 2e transformation par exemple). Les activités sont très différentes (agriculture/industrie, industrie de main d’?uvre/industrie de process).
Il y a part ailleurs un déficit de formation (initiale et continue) et un déficit de connaissance du bois par le grand public. L’image du bois est parfois même plombée par l’image du bois que donnent les professionnels de matériaux concurrents (l’image d’un matériau vieux).

Parmi les autres freins au développement de la filière, il y a des problèmes d’économies d’échelle. Pas de standard de production. Difficultés d’accès aux crédits entraînant des difficultés pour investir.

Un autre frein est plus surprenant. Les difficultés à mobiliser et à accéder à la ressource en amont créent des conflits entre les différentes formes d’utilisation du bois (construction, ameublement, papier, chimie, énergie). Il faut des arbitrages.

La filière bois se découpe en 4 segments principaux : le bois massif, le bois fibre, le bois chimie, le bois énergie.

Le bois massif offre un vaste champ d’application (emballage, ameublement, construction).
C’est la construction qui innove le plus avec le bois massif (à travers l’ossature bois, les poutres en I, les matériaux mixtes, les bois d’ingénierie). Les bois reconstitués (bois contrecollés, panneaux) offrent aussi un fort potentiel de croissance du marché. Parmi les dernières avancées technologiques, deux process (le bois abové et le système 5D « Industrialisation ») sont des innovations françaises qui impactent la 1re transformation et les scieries.

Le bois fibre concerne traditionnellement l’industrie papetière. Parce que la production stagne, il s’agit de diversifier les débouchés. L’isolation en fibre de bois dans le secteur de la construction bois est un bon exemple de débouché. Les matériaux composites aussi (dont le bois plastique). En termes d’innovation, la fonctionnalisation des fibres permet de développer des applications à haute valeur ajoutée dans des secteurs très variés, visant ainsi de nouveaux produits sur de nouveaux
marchés, à l’image de l’électronique imprimée et des matériaux barrière et fonctionnels.

Le bois chimie est un secteur émergent qui a de nombreuses opportunités : la chimie des matières extractibles et la gazéification. Il y a aussi la chimie pour le bois, qui concerne la construction. Dans ce cas la recherche s’oriente vers l’utilisation de matières premières renouvelables, issues du bois ou non pour les applications suivantes : colles et résines, traitements de préservation et de durabilité et
aspect et finition.

Enfin le bois énergie. À son sujet le rapport est formel : vue les conflits d’usage, le bois énergie doit être la dernière valorisation possible. Il faut par ailleurs développer des biocombustibles utilisant la ressource qui n’est actuellement pas valorisée.

Marché actuel des nouveaux produits issus du bois et évolution

L’analyse des nouveaux produits issus du bois et des quatre secteurs qui leur sont associés a fait ressortir que si les différentes filières bois avaient jusque-là évolué en parallèle, la structuration d’une filière bois française unique ne pourra se faire qu’à condition de développer l’ensemble des applications en cohérence les unes par rapport aux autres.

Désormais conscients des enjeux et de l’immobilisme relatif des dernières années, les constats étant pratiquement identiques depuis trente ans, les professionnels du secteur semblent vouloir se donner les moyens de développer leur compétitivité et se structurer pour affronter la concurrence des acteurs internationaux, mais aussi celle provenant des matériaux émergents ou traditionnels comme le béton, l’acier, le pétrole, etc. Toutes les parties prenantes s’accordent sur le fait qu’il est important de ne pas reproduire les erreurs du passé et d’adopter une position proactive pour préparer non seulement 2020, mais également les échéances ultérieures.

Le développement de la filière bois en France et l’accompagnement de sa structuration ne pourra se faire sans un soutien fort et adapté des pouvoirs publics, tant au plan national qu’à l’échelon local.

Les 6 leviers d’action qui agissent sur les 4 secteurs de la filière

1. Accompagner la structuration de la filière par la mise en place d’une Vision Stratégique Nationale. À l’instar des pays les plus compétitifs dans la valorisation du bois, les pouvoirs publics doivent jouer un rôle moteur dans la définition d’une Vision Stratégique Nationale, première étape et véritable pierre angulaire pour accompagner la structuration de la filière et assurer les arbitrages indispensables à une utilisation cohérente de la ressource. Cette vision ambitieuse, concertée et partagée permettra de coupler innovations techniques, organisationnelles mais aussi communication et marketing avec des avantages multiples évidents.

2. Agir sur le bois construction, principal marché à court terme. En 2 points :
2.1. Faire avancer les normes et réglementations françaises, principaux freins au développement du bois construction.
2.2. Le deuxième axe de mesures doit permettre de développer l’industrialisation de l’offre de la filière bois construction en développant la qualification du bois après séchage et en favorisant les échanges entre 1ère et 2e transformation pour faire émerger les besoins et consolider l’offre existante. La modernisation des scieries constitue également un élément critique, à la fois pour appuyer la modernisation et le développement de scieries compétitives aux niveaux national et international en renforçant les dispositifs de soutiens existants, mais également en accompagnant autour de projets régionaux l’équipement de scieries de plus petite
Un observatoire national du bois sera mis en place pour évaluer la pertinence des politiques de soutien et l’atteinte des objectifs.

3. Animer et promouvoir la communication. Les mesures principales doivent permettre de favoriser la communication entre les acteurs de la filière et d’attirer les majors qui n’appartiennent pas à la filière en créant notamment des lieux de rencontre et d’information pour développer des projets communs,

4. Renforcer la formation initiale et continue.

5. Soutenir la R&D. Cela concernera essentiellement le bois fibre, le bois chimie et le bois énergie (à travers la biocombustion).

6. Optimiser la gestion et la mobilisation de la ressource. Si cela n’est pas fait, cet aspect sera critique pour l’essor du bois en France à l’horizon post 2020. Cela devra même constituer une priorité pour la Vision Stratégique Nationale. Il s’agira d’atténuer les effets du morcellement, de moderniser la récolte et la contractualisation des approvisionnements. Les besoins en essences devront rapidement être évalués pour assurer les besoins futurs.

À lire également :
– La construction bois à l’étranger
– Étude sur la construction bois

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