Étude sur la construction bois
L’étude du cabinet Alcimed Prospective sur le marché actuel des nouveaux produits issus du bois et des évolutions à échéance 2020, parue en février 2012, a posé un regard très lucide sur le bois construction. Extraits.
C’est un marché dynamique, reposant sur un tissu d’entreprises atomisé et essentiellement composé de TPE/PME positionnées sur leurs marchés locaux.
Bien qu’en position de challenger par rapport à la maçonnerie et au métal, l’utilisation du bois en construction a augmenté de 40 % de 2003 à 2006, contre 20 % pour la construction en général. Ce dynamisme a profité au secteur des charpentes, et dans une moindre mesure au secteur des panneaux construction et à la menuiserie, avec une augmentation des quantités produites de 10 %. Les cinq catégories majeures de produits sont les suivantes : couverture et structure de l’habitat, ouverture et agencement, revêtement de sol et mur, revêtement extérieur et aménagement extérieur.
Le bois construction est un secteur atomisé regroupant plus de 2 000 producteurs de taille variable, avec un poids économique fort des PME/TPE qui représentent plus de 90 % des acteurs. Le marché se traduit ainsi par une dualité avec un nombre réduit d’acteurs de dimension industrielle produisant des habitations résidentielles à ossature bois, principalement pour des primo-accédants, et une multitude de PME/TPE positionnées sur des marchés locaux, principalement dans le cadre de la construction de maisons d’exception pour des secundo-accédants.
La multiplicité des acteurs sur le marché est un point noir en termes d’industrialisation et de propositions d’offres. Notons néanmoins que l’on observe depuis peu l’arrivée d’acteurs d’envergure non issus du bois, tels que Bénéteau ou Bouygues Immobilier, bénéfiques à la structuration du marché, notamment en termes d’industrialisation. Il est également caractérisé par une chaîne de valeur complexe qui comprend les prescripteurs (architectes, bureaux d’étude, maîtrise d’?uvre), les concepteurs, fabricants et commerçants des maisons ainsi que les commerçants du bois.
Cet essor est d’origine règlementaire et poussé par une demande croissante, mais un manque d’encadrement règlementaire propre limite son amplitude.
Le dispositif d’accompagnement fixant les objectifs à atteindre et définissant les actions à mettre en ?uvre dans le cadre du bâtiment à moindre impact environnemental (RT2012 et BEPOS à horizon 2020) tire l’essor du bois dans la construction.
Ainsi, la RT 2012, qui vient renforcer la RT 2005, a pour but de limiter les consommations énergétiques des bâtiments neufs. Elle exige notamment le traitement à la perméabilité à l’air, le traitement des ponts thermiques, un niveau d’efficacité énergétique minimale concernant le chauffage, la climatisation et l’éclairage artificiel.
Or, dans une maison en bois, les ponts thermiques sont traités automatiquement par la technique constructive qui isole le bâtiment par l’extérieur. De nombreux isolants thermiques à base de bois sont également commercialisés. Le bois s’y positionne donc naturellement du fait de ses qualités intrinsèques : matériau renouvelable, faible consommation d’énergie pour sa production et transformation industrielle, contribution à l’équilibre économique et paysager des territoires, contribution à la lutte contre le réchauffement climatique, etc., et il peut donc jouer un rôle prépondérant dans la rénovation et la réhabilitation énergétique des bâtiments, grâce à ses qualités écologiques et techniques, notamment sur le plan thermique.
Par contre, le dispositif français actuel n’est que peu spécifiquement orienté vers le bois, malgré quelques initiatives importantes, mais non ou insuffisamment suivies de faits. La charte bois environnement construction, signée entre l’État et les principales organisations professionnelles en mars 2001, prévoyait une augmentation progressive du bois dans la construction, sur la base de 10 objectifs prioritaires. L’objectif était d’atteindre une part du bois dans la construction de 12,5 % en 2010 puis 20 % en 2020 dans le but de réduire approximativement de 7 millions de tonnes par an l’émission de CO2. Néanmoins, elle n’a pas été suivie d’effets, les objectifs annoncés n’ayant pas été atteints, puisque la part du bois dans la construction stagne encore à 10 %.
Un label « bâtiment biosourcé », s’adressant aux constructions neuves et réhabilitations lourdes, est par ailleurs en cours d’élaboration avec les professionnels par le ministère de l’Écologie, du
Développement durable, des Transports et du Logement. Son objectif est de valoriser les constructions neuves incorporant une part significative de matériaux d’origine végétale ou animale. Plusieurs niveaux d’exigence seront liés aux objectifs du Grenelle de l’Environnement en fonction du taux de matériaux biosourcés incorporés dans le bâtiment répondant à certains critères permettant d’apprécier leur qualité. De même et grâce à son caractère renouvelable, l’usage du bois permet de répondre aux critères attendus de ce label.
D’autre part, les mutations sociétales actuelles, les pressions démographiques caractérisées par un mouvement de migration vers le périurbain, ainsi que la montée des préoccupations environnementales encouragent l’utilisation du bois dans la construction.
La part du bois a ainsi augmenté, sans atteindre néanmoins ses objectifs et sans que le dispositif actuel ne permette de suivre précisément son utilisation.
Peu de chiffres sont disponibles pour mesurer l’augmentation du bois construction au niveau national.
Le seuil minimum d’incorporation du bois dans les constructions neuves a été augmenté par dix depuis 2010. Initialement fixé à 2 dm3/m2 par le décret de Loi sur l’Air de décembre 2005, ce minimum a été rehaussé à 20 dm3/m2.
Ce plancher correspond au niveau moyen actuel estimé, une maison ossature bois pouvant aller de 15 dm3/m2 (ossature non porteuse) à plus de 200 dm3/m2 (ossature porteuse et plancher porteur bois) et une maison à charpente en bois dépassant les 40 dm3/m2.
Une démocratisation de l’utilisation du bois construction est observée depuis quelques années avec une typologie de clientèle élargie. On peut noter que le nombre de maisons individuelles en ossature bois a augmenté de plus de 40 % de 2003 à 2006, alors que dans le même temps, le nombre total de constructions n’a augmenté que de 20 %. De même, la part des maisons en bois dans le total des permis de construire des maisons individuelles connaît une augmentation constante depuis 2003. Elle représentait 4 % en 2003, 5 % en 2005 et 7 % en 2009. Cette tendance actuelle bénéficie à tous les marchés de la construction en bois : le résidentiel avec la maison individuelle, les maisons groupées et le collectif, mais aussi le tertiaire. Seuls les immeubles de plus de 3 ou 4 étages font encore peu appel au bois construction en France.
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